Le Choeur d’Ali Aarrass : programme des bords de scène !

dans ACTIONS/ARTS par
Alexis Deswaef

Le Chœur d’Ali Aarrass, écrit et mis en scène par Julie Jaroszewski, se produira au Théâtre National du 23 au 27 avril 2019

Citoyen belgo-marocain, Ali Aarrass a été soupçonné de terrorisme et arrêté en Espagne en 2008. Jugé et ayant bénéficié d’un non-lieu, il est ensuite illégalement extradé vers le Maroc, où il n’a pourtant jamais vécu. Il y est emprisonné depuis 2010 à la suite d’aveux obtenus sous la torture. Amnesty International ainsi que de nombreux artistes belges ont appelé plusieurs fois le Ministère des Affaires étrangères à intervenir. En vain.

Soudées autour de Farida Aarrass, la sœur d’Ali, militantes, comédiennes, chanteuses professionnelles et amatrices se mobilisent et puisent leur force dans cette sororité. La musique et le théâtre redonnent de la puissance à leur action afin d’échapper à la tragédie. Une tragédie au continuum colonial depuis 1492, que Julie Jaroszewski traduit en 5 actes afin d’exposer le récit complexe d’Ali Aarrass et le remettre en jeu. A travers cette histoire c’est bien l’histoire de tous les binationaux qui est au centre du propos.

Chaque soir, l’équipe artistique invite à prolonger le spectacle par le biais de rencontres avec un·e invité·e autour de l’un des aspects thématiques de la création :

  • 23/04 : Nadia Fadil (Anthropologue, IMMRC – KULeuven), « L’islamophobie ou les paradoxes de l’intégration »

L’Islam serait-il devenu le principal référentiel autour duquel s’organise la rhétorique civilisationnelle et sécuritaire ? A la fois sommés de s’intégrer et constamment renvoyés à une identité communautaire fantasmée, les citoyen.ne.s de confession ou d’apparence musulmane sont en permanence appréhendés comme des sujets suspects et menaçants. Comment s’affranchir de ce paradoxe ?

  • 24/04 : Alexis Deswaef (Avocat au barreau de Bruxelles et Président d’honneur de la Ligue des Droits humains), «Binational et demi-citoyen »

L’Etat peut-il échapper à ses obligations ? En inscrivant en 2018 le principe de non-protection consulaire des binationaux dans la loi, telle est la manœuvre opérée par l’Etat belge afin de se soustraire au devoir d’assistance consulaire à l’égard d’Ali Aarrass. Quel espoir offre la Cour constitutionnelle de casser cette législation raciste ?

  • 25/04 : Saïd Bouamama (Sociologue et militant), « Aux racines coloniales de l’anti-terrorisme »

Développées par les puissances coloniales pour maintenir leur domination, les méthodes de contrôle et de renseignement ont servi à la domestication des corps et des espaces. Comment les dispositifs sécuritaires contemporains s’inscrivent-ils dans cette continuité ? Selon quelles modalités la lutte contre le terrorisme cristallise de nouvelles politiques d’exclusion et de ségrégation ?

  • 26/04 : Olivier Neveux (Professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’Ecole normale supérieure de Lyon), « Se rendre justice par le théâtre » 

Et si le théâtre n’était pas seulement là pour constater, dénoncer, alerter, conscientiser, interpréter ? S’il se donnait à lui-même d’autres perspectives ? Des perspectives politiques au sens où il faut bien, sous peine que cela n’en finisse jamais, partout et avec les armes propres de cet art, se soucier de produire quelques autres effets que la pédagogie et l’indignation.

  • 27/04 : Selma Benkhelifa (Avocate – Progress Lawyers Network), « Du racisme juridique au racisme d’Etat »

Indissociable du contexte idéologique qui la produit, la Loi est, comme tout dispositif institutionnel, porteuse d’un message politique. Face à l’extrême-droitisation incessante du champ politique en Belgique et en Europe, comment sert-elle d’instrument à l’Etat et ses différentes instances pour organiser et justifier la domination raciale ?

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