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Fragments de vie carcérale (6), par Ali Aarrass

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Beaucoup diront que les prisonniers d’aujourd’hui au Maroc, vivent dans le « luxe ».

J’aimerais bien qu’ils passent deux à trois jours enfermés chez eux, mais alors sans bonne nourriture, ni sucreries, ni téléphone, ni télévision, ni radio, ni eau chaude, ni personne à qui parler !

Pour moi, le luxe, c’était d’avoir un bout de crayon et un morceau de papier pour dénoncer les tortures abjectes et les privations de nos droits ! Il m’était interdit d’avoir cela dans ma cellule.

Je me rappelle la première fois qu’on m’a fait passer chez le médecin, après tout ces long mois de privation. J’étais malade et très faible, sans forces, du coup j’ai vu un crayon sur la table qui était censé être son bureau sans réfléchir je l’ai pris discrètement et je l’ai caché !

Avant, je pensais écrire avec mon sang, s’il le fallait, pour dénoncer les tortionnaires et les tortures.

Ce crayon, je l’ai coupé en trois morceaux et je les ai partagés avec deux autres prisonniers.

C’était aussi un luxe d’avoir un coupe-ongle. Mes ongles, je les frottais au sol en gravier !

Voilà le luxe dans l’isolement au Maroc !

C’était aussi un luxe de n’avoir ni vêtements de rechange, ni sous-vêtements. Tout m’était confisqué ! Comme c’était aussi un » luxe », de me laver avec de l’eau très froide ! Au Maroc, il faisait un froid terrible en hiver.

Pour justifier ces conditions de vie inhumaine, il n’y avait qu’un seul mot, tout simplement le mot discipline !

Cela voulait dire qu’il nous était interdit de parler, de manifester, de dénoncer les conditions de détention! En bref, nous tenir et faire de nous des robots!

Mais , pas de chance pour eux, la discipline était en moi depuis mon enfance !

Les nuits étaient plus longues que les journées. C’était le moment où je commençais à réfléchir plus longuement. Toute ma vie défilait dans le noir total.

Des nuits sans pouvoir fermer les yeux, des moments agréables et inoubliables de mon enfance, mon adolescence, des moments de folie, avant de rejoindre ma maman à Bruxelles depuis ma ville natale de Melilla. En sachant que j’allais la quitter, mon cœur s’était brisé en deux, car j’allais laisser derrière moi mon papa et ma grand-mère, celle que j’ai toujours aimée. Malgré toutes les injustices, les épreuves des années d’emprisonnement, j’ai gardé l’espoir de pouvoir un jour les retrouver… Avec le temps, une chose fondamentale m’a aidé à résister. Celle de me répéter : « Ali, il y a-t-il encore des choses dans la vie auxquelles tu n’as pas encore goûté ? » Savoir qu’un jour je serais libéré et pourrais revivre à nouveau me donnait une force inébranlable.

Quelques jours après l’arrivée de ces  Sahraouis, dans ma cellule, j’ai senti des odeurs de fumée de cigarette. Je suis monté sur le lavabo encastré dans le mur pour attirer l’attention du fumeur.

C’était l’un des  Sahraouis et directement il s’est excusé. Je ne voulais pas en rester là et j’ai ajouté : «  Comment est-il possible que des hommes comme vous, militants, combattants, qui avez affronté ce régime criminel, dictateur et qui êtes restés avec vos principes afin de pouvoir récupérer vos terres, qui vous retrouvez aujourd’hui dans ces conditions inhumaines, comment est-il possible que vpus soyez vaincus par un morceau de cigarette ? »

Là, c’était le silence, sans commentaire… Comme je lui avais parlé en français, j’étais certain qu’il m’avait compris.

Le jour d’après, le soir tombé, il appelle celui qui lui a parlé la veille sur la cigarette ! Je lui dis : Oui, c’était bien moi. Il m’a remercié pour ce conseil. Pour terminer il ajoute qu’ à partir d’aujourd’hui il ne fumait plus… J’ai ajouté qu’il était libre de son choix. Mais il faut savoir qu’ils seront condamnés, et pour bien longtemps. Donc pourquoi choisir une mort lente en prison !

À son tour de me poser une question. Qui étais-je ? Il voulait savoir à qui il avait parlé.

Je me suis présenté, sans tarder il m’avait reconnu. Je dois dire qu’il m’avait surpris. J’ignorais que mon affaire était connue aussi par des Sahraouis !

En Espagne, j’ai appris à ne m’attacher à aucun prisonnier. Avec le temps on m’a enseigné qu’en isolement sensoriel, l’une des tortures, c’est quand tu commences à côtoyer un détenu et t’habitues à lui, ils viendront soit le changer de quartier ou alors le transférer dans une autre prison. Croyez-moi, j’ai été maître de moi-même, de mes sentiments, durant 12 ans j’en ai vu des prisonniers politiques et d’opinion défiler sous mes yeux.

Leur but étant de nous déshumaniser dans l’isolement et faire de nous des êtres abandonnés, écartés d’autres êtres humains. Aujourd’hui encore, je n’arrive pas à oublier ces hommes courageux, qui ont réussi à se faire une place en Isolement. J’étais inspiré par Nelson Mandela:

La sagesse, l’intelligence, le courage, la persévérance, l’humilité, la modestie, la dignité…

D’autres aussi que j’ai laissés derrière moi, j’aurai l’occasion d’en parler.

Fragments de vie carcérale (5), par Ali Aarrass

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Je vous demande de fermer vos yeux, de vous concentrer sur ces moments d’injustice où un innocent est en train de passer par toutes ces épreuves. Mettez-vous dans sa peau en vous concentrant autant que vous le pouvez !

Maintenant, dites-vous que ceci aurait pu arriver à l’un de vos proches bien aimés, ou alors à vous-même.

Et dites-vous que justice sera faite un jour. Comment vous sentez-vous là, maintenant après avoir ouvert les yeux ?

Moi, je me suis senti fort de corps et d’esprit…

Bon, je reviens sur la différence entre les isolements en Espagne et au Maroc.

En Espagne, dans chaque prison où j’ai été transféré, j’ai reçu dès mon arrivée mes accessoires sanitaires : couverts, couvertures propres, j’avais le droit de voir le médecin tous les jours, de prendre une douche, d’appeler au téléphone, de sortir à la cour, donc aucun de mes droits fondamentaux ne mettait refuser ! Attention, ne croyez surtout pas que je logeais dans un « cinq étoiles ». Non ! Mais plutôt en isolement sensoriel. Car la torture psychologique était présente tout le temps. Je sentais la différence quand je sortais à la cour pour une heure après avoir été enfermé en cellule durant 23 heures, croyez-moi, je n’avais pas envie de retourner en cellule et d’être privé de ce moment en semi-liberté et de cette occasion de voir le ciel en forme de carré et d’être privé d’un peu d’oxygène!

 Et physiquement, si tu commences à être dangereux pour les prisonniers ou contre les gardes, ils viendront te chercher pour te mettre dans un angle mort hors caméra. Après s’être acharné contre toi, ils t’enverront au cachot pour 45 jours, puis tu seras transféré dans une autre prison sous un régime carcéral plus dur que le précédent ! Il était inutile de te montrer le plus fort, surtout si tu avais tort !

Donc, vous voyez la différence entre un isolement au Maroc et en Espagne ? Au Maroc, ils m’ont privé de dentifrice et de brosse à dents, et cela durant cinq mois !

Je vous laisse imaginer le grand plaisir que j’ai pris en me brossant les dents, quand ils m’ont restitué ce droit ! Leur argument est la « sécurité » de peur que des prisonniers n’en fassent un instrument pointu pour agresser quelqu’un. Voilà la seule raison pour m’avoir privé de ce droit durant cinq mois !

Je vous rappelle qu’en Espagne, les deux ans et neuf mois dans les isolements de haute sécurité, jamais je n’en ai été privé !

Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. C’est vous dire aussi que malgré les formations que l’Amérique et l’Europe font au Maroc pour améliorer les conditions « sécuritaires », elles ne sont pas respectées, car leur tradition et leur méthode de langue de bois et de bras de fer les empêchent de s’en débarrasser ! Ils ont ceci dans le sang, le savoir-faire pour terroriser, humilier, affamer, rendre l’humain comme une bête ou un zombie bourré de drogue et de médication. Voilà ce qu’ils veulent faire de nous et c’est pareil à l’extérieur des prisons, dans la société et la population marocaines, la répression, rien d’autre que la répression !

Maintenant faisons un détour par les premiers cinq mois d’isolement sensoriel au Maroc.

Je suis témoin de l’arrivée des nouveaux prisonniers ; cela leur à pris toute une nuit. De bon matin, d’autres sont arrivés dans mon quartier. Quelques heures plus tard, j’ai entendu un maton dire au prisonnier de s’approcher de la porte de sa cellule pour lui poser des questions suivantes : « Tu es Marocain ou Sahraoui ? ».

Le prisonnier lui répond: je suis Sahraoui. Du coup, le maton s’énerve, le prend par son cou et commence à le frapper en l’insultant, en lui crachant au visage. Quelques jours après, il parle avec un gardien, pour lui dire qu’il attend la visite de sa famille et qu’elle devait venir du sud-est. Quand j’ai commencé à réfléchir, j’ai compris de qui il pouvait s’agir et je me suis souvenu : c’était début décembre 2010, avant mon extradition au Maroc. Depuis ma cellule de la prison de Valdemoro à Madrid, les nouvelles à la radio parlaient de manifestations dans le sud-est. Là où il y a de nombreuses arrestations de militants Sahraouis qui veulent l’indépendance du Sahara occidental. Oui J’ai été témoin, à la télé comme tout le monde, de ce qui s’est passé avant leur arrestation, mais aussi des tortures qui leur sont réservées car ils ont bien été torturés! Lors de leur incarcération à Salé ll, début janvier 2011, ils étaient une vingtaine, du camp de Gdeim Izik.

Ils les ont séparés dans toute la prison et isolés, comme moi. J’entends dans mon quartier venir les tortionnaires et les maltraiter dans leurs cellules. Je pouvais les entendre !

Au début de mon dépôt à Salé ll, mes repas étaient servis par des matons. Je m’étais dit que ce n’était pas du tout normal que je sois privé de mes droits fondamentaux et qu’en plus je ne sois pas servi par d’autres prisonniers, comme en Espagne. On voulait nous faire croire qu’on était encore au centre secret de Temara ! Coupé du monde, torturé, électrocuté, maltraité, violé, humilié, insulté, couvert de crachats et d’urine…

Donc obligé de croire, avec ces conditions de détention inhumaines, qu’on était kidnappé et que personne ne savait où on était !

Je dois reconnaître qu’au moment où le quartier commence à se remplir, je me suis senti plus en sécurité. C’est là que le côté humain joue son rôle! Là, vous comprenez que l’isolement dans n’importe quel pays dans le monde, est et restera une torture, mais surtout où Maroc ! L’une des raisons étant que certains matons, qui exécutent les ordres, étaient sous la contrainte. Je comprends, mais cela ne m’empêche pas de les affronter et de leur faire savoir qu’ils doivent faire leur boulot sans maltraiter les prisonniers. Mon but étant de leur rappeler que nous sommes tous des humains, et que bientôt justice sera faite. Je voulais les sensibiliser et leur dire que je comprenais qu’ils étaient sous la contrainte : mal payés, sans couverture sociale, certains sans moyens de transport, et l’emploi du temps avec des horaires de travail impossible etc. Certains parmi eux commencent à avoir de l’empathie et de la confiance, j’ai remarqué cela dans leur traitement à mon égard. Je savais qu’il était nécessaire d’acquérir la confiance des gardiens censés êtres là pour servir notre quartier …

Sachez bien que cela m’a demandé beaucoup de patience car, à chaque arrivée d’un nouveau gardien qui venait comme un félin, il fallait à nouveau lui couper les griffes …

Il était important de leur faire savoir qu’il y a des limites à ne pas dépasser, tant pour moi que pour eux-mêmes.

Je leur ai fait savoir qu’en France les matons ont droit une fois par mois à une consultation psychologique chez un médecin spécialisé. Et que ceci n’existe pas au Maroc !

Je savais que ce genre de conversation les mettait mal à l’aise. Ils étaient beaucoup moins informés que moi sur le sujet ! Une fois de plus, j’ai leur faisais savoir qu’ils étaient privés eux aussi des droits, et c’est l’une de raison pour lesquelles vous devenez des matons sans état d’âme, dans le cadre de vos fonctions ; à long terme vous devenez violent et vous vous acharnez contre nous !

J’ai remarqué que certains ont été blessés dans leur orgueil, mais oser leur parler dans de moments propices les faisait réfléchir. Parce qu’ils n’ont pas l’habitude de telles conversations et moins encore venant d’un prisonnier.

Je savais qu’en étant isolés, ils pouvaient m’écouter mieux sans que nous soyons interrompus.

Certains parmi vous se poseront la question. Était-il nécessaire de parler à des gardiens prêts à exécuter des ordres des leurs supérieurs contre d’autres prisonniers ? La réponse est que je savais que je pouvais gagner la confiance de certains gardiens dans le but d’imposer le respect de chaque personne. J’ai toujours tout fait pour me faire respecter, sans rien leur donner en échange. Aussi pour me tenir informé des nouvelles à l’extérieur et à l’intérieur de la prison. Tout ceci m’a demandé beaucoup de temps afin de conquérir ma place dans un endroit fermé, isolé et coupé du monde !

Fragments de vie carcérale (3), par Ali Aarrass

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Je vous demande de m’excuser, car je vais devoir souvent prononcer des mots désagréables comme : kidnappé, torturé, violence, humiliation, prison, isolement, etc.
Ceci dit, je continue pour mieux expliquer ce côté humain qui fait que, malgré les tortures abjectes, les conditions de détention difficiles à supporter durant de longues années, il faut rester debout, bien ferme dans ses convictions.
Nous savons tous que l’homme a la spontanéité et il est prédisposé à porter de l’aide à son semblable !
 Au début de mon isolement dans la prison de Salé 2, j’entendais quelqu’un frapper de l’autre côté du mur de ma cellule, j’étais encore en état de choc, je me suis levé du sol et me suis dirigé vers le mur pour savoir d’où venaient ces coups. Je réponds aussi par des coups, j’entends une voix qui dit de monter sur le lavabo encastré dans le mur, je suis monté et j’ai vu une main de la cellule voisine qui m’offrait un fruit ; je n’ai pas hésité une seconde, je l’ai remercié pour ce geste humain.
Puis plus de nouvelles depuis ce jour-là du voisin. Je dois dire que, encore aujourd’hui, je garde dans l’esprit cette solidarité et bien sûr le goût de ce fruit que j’ai dégusté avec grand plaisir et puis je devais me débarrasser de l’épluchure dans la toilette avant que les matons ne les trouvent, pour ne pas mettre en danger le voisin d’à côté, car ils savent que j’étais sensé n’avoir de contact avec personne !
Les cinq premiers mois de mon isolement, au sol avec deux couvertures, portes et fenêtres fermées, une nourriture immonde et immangeable, sans douche, sans médecin, sans coiffeur, sans sortir à la cour, sans visite familiale…
Couché sur le dos, je fixe le plafond de mes yeux et du coup je vois ce plafond descendre et s’approcher de mon visage.
La faim était présente tout le temps, la nourriture, quand elle arrive, je la mange parfois en fermant les yeux et en triant les petites bestioles et les cailloux, le pain sale et sec. Malgré cela, j’étais moralement capable de leur démontrer que je n’avais besoin de rien et de rester debout même si mon corps me joue un tour avec un dysfonctionnement articulaire.
Bien sûr, ceci après leur avoir demandé à maintes reprises le pourquoi de toutes ces entorses à mes droits fondamentaux. Je savais très bien qu’ils étaient sous les ordres des hauts placés !
Les mois passent, les odeurs dans ma cellule commencent à devenir fermentées et insupportables mais je dois reconnaître que je m’étais habitué à ces conditions inhumaines et déplorables.
Les matons, quand ils ouvrent la porte blindée de ma cellule, bouchent leur nez et me demandent : pourquoi tu n’ouvres pas la fenêtre ?! Je leur ai fait savoir que cela ne me dérange absolument pas et qu’elle était fermée avant mon arrivée.
L’heure de la distribution des repas, ils poussent le plateau avec leurs pieds en fermant vite la porte. Ce geste est pour me faire savoir que je ne suis rien qu’un criminel ou un animal. Cela fait partie des humiliations et les tortures blanches d’isolement, ce sont les consignes.
Je savais qu’il leur était facile d’ouvrir cette maudite fenêtre et de ne plus me priver des tous les droits fondamentaux, mais je ne devais pas tomber dans leur jeu.
Il est très facile pour les personnes fragiles de céder et d’être une pâte à modeler pour les tortionnaires.
D’autres se font avoir par le chantage et des promesses, qui ne sont jamais respectées.
Un après-midi, la porte blindée de ma cellule s’ouvre, je vois le gardien de mon quartier avec un prisonnier avec une tondeuse en main prêt à me couper les cheveux avec mon accord. Je n’ai pas refusé ce que je savais être un droit. Donc ils rentrent avec une chaise toute en morceaux, directement je me suis rappelé de la fameuse chaise du centre secret de Témara, là où les bourreaux m’ont torturé et passé à tabac durant douze jours et nuits …
Directement je lui dis de changer cette chaise pour une autre en bonne condition, chose qu’il n’a pas refusé, il ordonne au coiffeur de prendre une juste à côté de son poste. J’ai vite remarqué que le gardien était mal à l’aise à cause des odeurs. Il me dit avec respect : pourquoi n’ouvres-tu pas la fenêtre ? J’ai lui dit qu’elle était très haute et que c’est de votre devoir à vous de faire le nécessaire pour que je sois dans de bonnes conditions de vie. Avant son départ, il m’a dit qu’il allait signaler cela à son chef. Me voilà les cheveux coupés, mais il me fallait une douche, je commence à me gratter partout. Ce qui était important c’était de les voir arriver vaincus en m’offrant mes droits fondamentaux sans les supplier ni plier les genoux.
Un bon matin le directeur se présente avec ses gardes et me dit : as-tu besoin de quelque chose ? Conscient de l’état dans lequel j’étais. Qu’auriez vous répondu ?
Je m’attendais à ce qu’il se présente d’abord… Rien de tout cela, directement avec sang froid, comme ils ont l’habitude de le faire. C’est pour te démontrer qu’il est le plus fort et le seul à détenir l’autorité en prison. Aussi quand il est accompagné par ses gardes fidèles, il utilise la langue de bois. Avant de lui répondre, je le regarde dans les yeux, directement je me suis dit, « Ali reste fort devant eux, ne tombe pas à leur niveau . »
D’après vous, ne croyez-vous pas que le directeur est censé être au courant des conditions de vie de chaque prisonnier dans son établissement. Il n’y a pas une chaise qui se déplace d’un endroit à un autre sans sa permission ! Donc j’ai répondu en le regardant aussi dans les yeux. « Non, je n’ai besoin de rien ». Il ne s’attendait pas à cette négation de la part d’un prisonnier isolé, coupé du monde extérieur, qui couche au sol, privé de médecin et de médicaments, de douche, de téléphone, de sortie à la cour et cela durant cinq mois depuis mon dépôt à Salé ll.
Aussi j’aimerais attirer votre attention sur ces cinq premiers mois d’isolement sensoriel. Il y a eu le printemps arabe en Tunisie, Libye, Égypte, le 20 février au Maroc, les indignés en Espagne (Madrid). Tout ceci je l’ignorais. Donc le directeur part en claquant fortement la porte blindée de ma cellule.
Quelques minutes après, le gardien de mon quartier (B), s’approche pour me dire, « Ali pourquoi tu as refusé l’offre du directeur ? » Il me fallait une fois de plus répondre en pesant bien mes mots. Je lui ai dit que si cette offre était un droit, il ne faut pas me priver de cela ! Et si c’était un privilège, je n’en voulais pas ! Alors, je vais expliquer la raison pour laquelle j’ai refusé : Si j’avais répondu au directeur : oui j’ai besoin d’un lit avec un matelas, d’une chaise, d’une petite table, de prendre une douche, de voir un médecin, de sortir à la cour, de téléphoner à ma famille… Ou encore une autre chose facile et à portée de main, comme avoir ma brosse à dents et du dentifrice, petite chose qui m’avait été refusée. Donc imaginer dans qu’elle état d’esprit j’étais.
Quelques jours plus tard, le même gardien s’approche de la porte de ma cellule pour me dire « Ali, il faut que tu fasses une demande écrite à la direction pour récupérer tes habits et ta brosse à dents.» J’ai remarqué que ce gardien m’a parlé avec respect et qu’il voulait peut-être me conseiller ou alors il a été envoyé pour voir ma réaction mais j’ai renoncé à faire la demande !
Je répète qu’il était dans mon droit d’avoir un minimum de bien être dans cet isolement, mais ils ne l’ont pas voulu ainsi !!!
Si j’avais répondu par oui à leur demande, je leur aurais montré mon point faible. Donc tout en sachant qu’ils aimaient s’amuser avec ma dignité, j’ai évité de leur procurer ce plaisir…
Les jours passent lentement, très lentement.
Un bon matin très tôt. La porte blindée s’ouvre, des matons entrent pour fouiller ma cellule, je dois dire qu’ils étaient dégoûtés des odeurs très fortes, après m’avoir fouillé et ce qu’il y avait a fouiller ! Ils repartent sans rien dire ni trouver.
Le jour d’après, toujours le matin, le chargé du quartier entre dans ma cellule avec une chaise pour ouvrir cette fenêtre que je refusais d’ouvrir sur leurs ordres.
Après son départ, je me suis senti très bien et fier de ma dignité, moi qui n’ai pas cédé ni à l’intimidation ni à l’humiliation.
Concernant la dignité et l’espoir chez l’être humain, je ne finissais pas d’apprendre des leçons tous les jours.
À cette époque-là, il y avait un prisonnier dans la cour, un homme accroupi en train de cirer ses chaussures, un autre qui s’approchait de lui pour lui dire  » »je vois que tu te prépares pour sortir bientôt n’est ce pas ? » Et l’homme aux chaussures lui répond oui. L’autre repose une autre question « combien il t’en reste avant ta libération ? » Et lui, il répond : Je suis condamné à perpétuité ! «
Ceci-dit, il était fort dans le corps et l’esprit qu’un jour il finira par sortir mort au vivant, mais jamais sans sa dignité et la fierté d’un homme !!!
J’ai compris que cette vie n’est pas pour les âmes timorées qui ont peur de faire face à la réalité.
Hélas il était écrit que j’apprendrais de bonne heure que certaines choses coupent l’appétit, l’envie de manger s’envole en même temps que le sommeil !
Je suis désolé, mais jusqu’à maintenant vous avez remarqué que je ne peux vous parler que d’anecdotes bien tristes…
En voici d’autres qui peut-être allègent nos cœurs.
Souvent dans l’isolement total avec un silence interminable, coupé du monde, couché sur le dos je me parle à moi-même, je me dis : « Dis-moi, dis-moi que je suis vivant ? Oui, je réplique, oui, toujours vivant ! »
L’homme a-t-il une fin propre ?
Nous savons qu’il se nourrit d’illusions. Il faut qu’il s’y tienne. Sinon il chavire et il tombe, en raison de ses faiblesses de cœur et d’esprit.
En prison donc, ne jamais avoir confiance, être prudent , prendre le temps de bien connaître les matons, ouvre bien tes yeux, tes oreilles ! Sois intelligent et patient. Il faut vivre ton présent, chaque moment, chaque minute de ta vie est importante, et ne t’habitue pas à la routine, car ils peuvent te la briser à n’importe quel moment, alors tu te sentirais déboussolé ce jour-là entre ces quatre maudits murs de ta cellule !

Fragments de vie carcérale (2), par Ali Aarrass

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Sous la torture, mes tortionnaires me disaient : « Arrête d’être têtu, car tu finiras par nous dire ce que nous voulons ! « 

Moi je suis resté sincère et je n’avais rien à leur dire, sauf ce que je crois juste et équitable pour ma personne. Donc être têtu m’a aidé à rester debout pour leur montrer que j’étais innocent et que ma dignité était au-dessus de tout !!!

Les jours, les mois passent dans ces conditions et j’ai remarqué que je me faisais respecter et estimer par certains matons et prisonniers pour mon opposition.
Aujourd’hui je n’ai aucun regret, ni d’avoir fait face et d’avoir défendu certains prisonniers…

Le temps a passé et je savais que j’étais condamné d’avance. Donc, il fallait me faire une place, car ainsi l’avait voulu ma destinée !
Nous devenons solidaires entre nous les prisonniers. Durant toutes ces années d’injustice, j’ai pu constater et découvrir le vrai sens de l’être humain.
La souffrance et les épreuves nous ont unis dans des moments difficiles. La solidarité nous a fortifiés ! J’aimerais dire ceci : Le prisonnier ne doit jamais sous-estimer l’être humain, dans un endroit fermé et coupé du monde, il aura besoin de quelqu’un un jour pour le soutenir et l’encourager et même le défendre pourquoi pas quand on est vulnérable!
Aujourd’hui, tout le monde s’est bien aperçu que le Maroc est une dictature, et que son système politique est une monarchie exécutive et cela est un obstacle pour le peuple et aussi pour le pays. Ceci explique que le gouvernement ne gouverne pas ! Donc le dictateur du Maroc depuis son palais n’a de compte à rendre à personne. Oui, le Maroc torture ses citoyens en terrorisant, réprimant et emprisonnant ceux qui ont l’audace de critiquer ces criminels !

Le bras de fer, la répression de tous les jours engendrent la dégradation et la peur d’être arrêté et torturé par des créatures sans état d’âme, qui sont là pour exécuter les ordres du dictateur terroriste qui est le roi, et cela même en dehors du Maroc.
Avec des mercenaires qui sont prêts à agir comme des hors-la-loi !!!
Comment peut-on accepter qu’une poignée d’individus, ou un seul, puisse imposer à des millions de citoyens de vivre dans la peur ?

À qui il faut en vouloir donc ? Nous savons tous que l’union fait la force et la différence entre le bien et le mal. N’en avons-nous pas marre de raser les murs, d’être de l’autre côté de la marge, combien de temps resterons-nous cachés dans cette indignation sans précédent?
L’histoire nous a enseigné que tous ceux qui ont commis des crimes ont fini par tomber. Grâce à des hommes et des femmes conscients et courageux, qui ont eu l’audace de les affronter pour leur dire que cela suffit !

En prison, on devait marquer notre présence, par la force des choses, ne serait-ce qu’un seul jour, pour notre dignité humaine.
On nous demandait de nous engager à respecter le « règlement pénitentiaire « alors qu’eux-mêmes ne le respectent pas ! Toutes nos dénonciations et nos doléances étaient détruites et bafouées.
Cela devenait insupportable et inadmissible. Nous étions forcés de manifester pacifiquement : tout le quartier renonçait à sortir à la cour et aux douches, et d’autres refusaient de sortir voir leur famille, afin que celles-ci dénoncent auprès du procureur du roi cette violation et la présumée disparition des prisonniers. Croyez-moi, cette solidarité entre nous a contraint le directeur à céder et à nous foutre la paix quelque temps…
Notre but n’était pas d’avoir un résultat rapide de notre combat, mais plutôt de participer et de mettre son grain de sable. Aussi de savoir sur qui compter, car il est facile des fois de contester ou protester contre les conditions de détention, mais le jour venu pour être là quand il le faut, les cœurs téméraires font surface : les jambes tremblent de peur d’être maltraité, torturé ou transféré dans une autre prison.
Les matons savent les reconnaître facilement, ils prennent le prisonnier, on lui pose sa sale main sur le cœur et ils disent : Voilà, celui-ci a peur, il a sûrement des choses à nous dire !!!
Il est difficile dans une prison d’arriver à un résultat efficace contre le régime carcéral.
Il nous fallait être patient et convaincu qu’avec peu d’éléments capables et bien organisés et surtout bien futés, on pouvait arriver à faire entendre notre voix dans le quartier et même à l’extérieur, sur toutes les violations de nos droits fondamentaux et sur les maltraitances.
Depuis le début, j’étais engagé dans ce combat sans m’en rendre compte, vous n’imaginez pas le bien que cela fait de participer et d’avoir acquis certains de nos droits fondamentaux, ne serait-ce que pour peu de temps. Certains prisonniers de droit commun utilisent leur méthode, la corruption du directeur et des matons. Mais il leur fallait être prêt à verser le montant exigé.
Dans mon quartier, ils savent très bien qu’ils n’avaient rien à en tirer, c’était la vulnérabilité, mais surtout la dignité qu’il ne fallait pas toucher ni nous priver d’elle!

Il m’arrive de voir de la fenêtre de ma cellule qui donne vers la cour des prisonniers qui marchent seuls, tête baissée, comme s’ils avaient tous les soucis du monde sur leur dos. Après m’être renseigné sur le pourquoi de ce comportement, j’ai compris.
Ils pensent à leur petite famille, qui va s’occuper d’eux et leur porter secours? Je me suis penché sur cette question et je me disais que j’avais de la chance et d’être privilégié d’avoir une famille et le soutien d’une solidarité d’hommes et de femmes, que je remercie du fond du cœur. Mais il ne fallait pas rester les bras croisés ; j’ai fait courir le message de partager d’abord moralement nos sentiments avec ces prisonniers et de les aider à l’extérieur le jour de visite de sa famille. Cela a demandé un peu de temps, mais on voyait les sourires revenir sur les visages.

J’aimerais souligner ceci: en prison, soit on est humain et l’entraide solidaire surgit pour les humiliés et les vulnérables. Soit on devient des créatures sans raisonnement ni conscience.

Lire Fragments de vie carcérale (1) cliquez ICI

Fragments de vie carcérale (1), par Ali Aarrass

dans EXTRADITION/Fragments de vie carcérale/LA PRISON AU MAROC/TORTURE par

Salam je suis prêt…
La première question après mon emprisonnement était : pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu’un d’autre ?
C’est la pièce du puzzle que je n’ai pas encore trouvée ! Même sur les tortures abjectes au centre secret de Temara, je n’ai pas trouvé la réponse à mon puzzle !

L’espoir ne m’a jamais quitté, je me disais que tôt au tard je saurais la vérité…
Malgré l’isolement en Espagne, et aussi malgré qu’à ce moment, je n’avais pas encore été condamné ni extradé au Maroc, l’espoir était là !
J’aimerais que le monde sache que le mot espoir était ma force inébranlable et cela malgré toutes les violations : mon arrestation arbitraire, mon extradition forcée, les tortures abjectes, puis condamné à être jeté en prison comme un criminel…

L’isolement, c’est le silence total, l’insalubrité, l’obscurité, l’humidité, la faim, la coupure du monde extérieur, la censure, la perte de la notion du temps, la négation et la privation de droits fondamentaux, le KO. Il me fallait être fortement convaincu et conscient de mon innocence et surtout je devais me fixer un objectif, je savais que j’étais une victime et que bientôt justice serait bien faite…

Je me rappelle qu’une nuit en dormant je mâchais quelque chose que je n’arrivais pas à avaler, c’était ma couverture… Preuve de la faim qui me tenaillait. Je m’étais enfermé sur moi-même pour leur montrer mon refus de toutes les injustices qu’ils m’ont infligées. Pour manifester cela, je renonçais à sortir, que ce soir dans la cour ou pour la douche, je devais leur démontrer depuis le début que j’étais innocent.

Le régime carcéral a toujours la possibilité de faire pression sur toi pour te faire changer d’avis. Ils n’aiment pas ceux qui renoncent à leurs droits et moins encore ceux qui entament une grève de la faim.

La nourriture était immangeable, j’étais forcé de la manger pour survivre, je devais rester debout pour me sortir de cette épreuve infernale !

Aussi, par la fenêtre on m’a conseillé de ne jamais montrer mon point faible au maton, ceci afin qu’il n’abuse pas de moi moralement.
Provocation et intimidation : coupure de l’eau dans ma cellule et changement de cellule plus insalubre encore que la précédente.
J’ai compris que la prison, soit elle te brise moralement et physiquement, soit elle te renforce ! Le régime carcéral se fera un plaisir de te rabaisser, de te déshumaniser et de te faire perdre ta dignité d’homme.

Bien sûr, lorsque tu n’as ni culture ni conviction ni personnalité à toi, alors tu deviens une proie facile.
On m’a toujours dit que j’étais têtu. Je n’avais pas compris !

Mercredi 24/3/2021 : Ali Aarrass à la radio et sur La Une (RTBF)

dans DANS LA PRESSE/Evénements par

Photo/Picture :  Thomas Nolf

Á la radio La Première à 7h.10

 

 

 

 

 

Sur la Une à 19h30

 

Ali Aarrass, 2020 : « Mes meilleurs vœux à toutes et à tous »

dans SANS CATEGORIES par

Comme par le passé depuis ma cellule et aujourd’hui malgré le confinement, je vous souhaite d’agréables fêtes en compagnie de vos proches.

Cette année, libre enfin, je partage avec vous une liberté limitée comme dans tant d’autres pays. Par cette occasion, j’en profite de remercier tout le monde qui m’ont soutenu, mais spécialement au Comité free Ali, qui n’a jamais abandonné, ni baissé les bras dans ce combat livré en Belgique et en faisant entendre sa voix partout dans le monde.

Nous devions rester forts et unis dans les moments durs et difficiles, il fallait surmonter toutes les épreuves qu’ils nous ont infligés.

J’espère que l’année 2021 sera une année positive pour tous. Qu’elle nous apportera bonheur et surtout la santé et qu’on puisse réaliser nos désirs.

Quant à moi, ma vie reprend ses repères peu à peu, ma santé en parallèle et aussi avec ma famille.

Psychologiquement et psychiquement je me bats tous les jours. Il m’est difficile d’oublier les douze années d’horreur. Je suis traumatisé et touché au fond de moi-même…

J’espère que l’année 2021 sera l’année où je pourrai m’en sortir et avoir une nouvelle vie comme tant d’autres citoyens.

Me voilà sincèrement avec beaucoup d’envie de vous rencontrer et de passer de bons moments agréables, unis et plus forts que dans le passé.

Meilleurs vœux à tous malgré cette année si particulière.

Ali Aarrass

30 jours pour Ali Aarrass. Ultime appel aux dons

dans ACTIONS/Evénements par
 
 
(Photo : un papa qui attend son fils)
 
Chères amies, chers amis,

Dans très exactement un mois, le 02 avril 2020, Ali Aarrass sera libre.

Ce moment, tant espéré et mille et une fois imaginé, va enfin se produire. Il faut bien qu’un jour la vie reprenne ses droits. L’indigne ne peut durer éternellement.

Aujourd’hui, c’est une joie particulière qui nous anime, celle des retrouvailles annoncées avec notre frère Ali qui a été injustement privé de liberté douze longues années durant. A cette joie indéniable de voir un vieux père fatigué serrer dans ses bras son fils bien-aimé après une interminable absence, se mêle aussi une anxiété sourde nourrie par l’incertitude du lendemain. Inévitablement on ne sort pas indemne d’une telle épreuve. L’infâme subi sur tant de temps ne peut que laisser des traces indélébiles et nous craignons l’effet prolongé de celles qui auront marqué au fer rouge le corps et l’esprit d’Ali.

Pour dissiper toute l’appréhension qui peut venir troubler l’esprit de ses proches en cette ultime période d’attente, il y a la foi mais aussi les marques de soutien non démenties qui ont rendu cette épreuve moins lourde pour Ali comme pour l’ensemble de sa famille. Elles ont permis de rendre à Ali un bout de l’humanité qui lui était arrachée.

A l’aube de sa nouvelle vie d’homme libre, c’est donc tout naturellement que nous faisons appel une fois de plus à votre sens de la solidarité. Si le temps de la libération sera certes celui des retrouvailles, il sera aussi celui d’innombrables démarches administratives en tout genre. Ali aura besoin d’un minimum de ressources financières pour vivre dignement et couvrir les frais auxquels il sera exposé, le temps de recouvrir ses droits sociaux.

C’est pourquoi nous lançons une dernière campagne de soutien financer, avec l’objectif de récolter un maximum de fonds en 30 jours. La somme réunie, que nous nous engageons à vous communiquer en toute transparence, sera remise à la famille d’Ali au moment de sa libération. Tout geste, même minime, compte. L’essentiel est de faire perdurer ce formidable élan de solidarité qui a grandement contribué à sauvegarder la dignité d’un homme opprimé.

Nous vous remercions d’avance d’effectuer vos dons au numéro de compte suivant : BE69 0016 7484 8678 de Farida Aarrass avec la mention « Ali libre ». 
 
Une fois Ali effectivement libre et de retour parmi nous, nous chérissons le souhait de vous réunir toutes et tous lors d’un grand événement festif. Ce sera pour nous l’occasion de vous témoigner en sa présence de notre profonde reconnaissance pour votre soutien si précieux.
 
D’avance merci à toutes et tous ! N’hésitez pas à diffuser cet appel aux dons autour de vous.
 
Khadija Senhadji pour le Comité Free Ali
 

 

#Waiting4Ali 02 04 2020

Manu Scordia, Olivia Venet (LDH), Philippe Hensmans (AI), Farida Aarrass : Ali Aarrass, 11 ans plus tard et toujours en prison

dans ACTIONS/ARTS/AVOCATS/ORGANISATIONS POUR LES DROITS DE L'HOMME / FOR HUMAN RIGHTS par
(photo : Olivia Venet, présidente de La Ligue pour les Droits Humains)

❌ En 2008, le belgo-marocain Ali Aarrass est arrêté par la police espagnole, suspecté de trafic d’armes pour un réseau terroriste.

Onze ans plus tard, en dépit d’un non-lieu faute de preuves et suite à son extradition vers le Maroc, Ali Aarrass est toujours incarcéré dans une prison marocaine.

✊ Devenu l’une des figures emblématiques d’ Amnesty International contre la torture, il est également devenu le symbole de la lutte pour l’égalité des droits des bi-nationaux.

📖 La reparution de la bande dessinée que Manu Scordia lui a consacrée a été préfacée par Alexis Deswaef, Président d’honneur de la Ligue des Droits Humans et soutenue par Amnesty International. Nous reviendrons sur la situation d’Ali Aarras et sur les raisons de l’engagement des intervenant.es présent·es pour cette cause.

Nous en parlerons avec :

Manu Scordia – auteur de bande dessinée et illustrateur * vainqueur 2019 du prix Atomium Le Soir de la meilleure BD de reportage.

Olivia Venet – Présidente de la Ligue des Droits Humains

Philippe Hensmans – Directeur d’ Amnesty International Belgique francophone

▶ Nous aurons aussi la chance d’accueillir Farida Aarrass, la soeur d’Ali.

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📌 « Ali Aarrass » est une bande dessinée en noir et blanc de style roman graphique qui retrace le parcours de cet homme, son enfance à Melilla, sa venue en Belgique, son mariage, ses différents boulots, son service militaire, sa librairie, son arrestation puis les mauvais traitements, l’extradition, la torture, le procès inique… tout cela en alternance avec le combat de sa sœur Farida pour la libération de son frère.

🤝 Une rencontre-débat en collaboration avec Pépite Blues, une librairie générale qui met les afro-littératures du monde entier à l’honneur. Des oeuvres produites par des africain·es, des afro-européen·nes, des afro-américain·es, des afro-caribéen·nes,
mais pas exclusivement. C’est aussi un lieu où écrivain·es, artistes et citoyen·nes se rencontrent, échangent autour des productions culturelles et de la créativité artistique dans leur diversité.

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Lundi 30 septembre 2019 de 19:00 à 22:00
Rue Lambert Crickx 5, 1070 Anderlecht

Réservation souhaitée : 📧 animation@pac-g.be / 📞 02/545.79.11

Facebook event click HERE 

le prix de la BD de reportage 2019 a été attribué à Manu Scordia pour la Bande dessinée « Ali Aarrass ».

dans ACTIONS/ARTS/Evénements/LA PRISON AU MAROC par
Ces 13, 14 et 15 septembre avait lieu la Fête de la BD 2019 à Bruxelles. A cette occasion,la cérémonie de remise des Prix Atomium récompense les bandes dessinées les plus marquantes de l’année.
 
Au total, huit prix ont été décerné: le Prix Atomium de Bruxelles, le Prix Première du Roman Graphique, le Prix Fédération Wallonie-Bruxelles,  le Prix « Le Soir » de la BD de reportage, le Prix Cognito de la BD historique,  le Prix Atomium de la BD citoyenne,  le Prix Willy Vandersteen 2019 et le Prix Raymond Leblanc de la jeune création.
 
Cette année, le prix de la BD de reportage a été attribué à Manu Scordia pour la Bande dessinée « Ali Aarrass ».
Une belle reconnaissance pour cette bande dessinée qui relate l’histoire d’Ali depuis son enfance jusqu’à la situation d’injustice qu’il vit aujourd’hui. Manu Scordia avait déjà édité une première version de cette bande dessinée en 2016 grâce à la campagne de crowfunding « Ali Aarrass, au delà des barreaux et des frontières ».
C’est maintenant aux éditions Vide-Cocagne que le livre est réédité et soutenu par Amnesty International et la Ligue des Droits Humains. Cette nouvelle version est préfacée par Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits Humains.
 
Gageons que cette reconnaissance poussera l’Etat Belge à prendre ses responsabilités et apporter enfin à Ali Aarrass l’aide consulaire à laquelle il a droit.
 
La bande dessinée est disponible en librairie et vous pouvez aussi la commander en ligne ICI
 
 
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