Elle fera partie de la délégation internationale au procès d’Ali Aarrass à Rabat (Maroc).
Zij vervoegt de internationale delegatie op het proces van Ali Aarrass in Rabat.
She joins the international delegation at the audience of the Ali Aarrass’ trial in Rabat.
Alima BOUMEDIENE-THIERY, née à Argenteuil, militante associative à « femmes plurielles », dans le comité « Vérité et Justice pour Ali Ziri à Argenteuil », dans le collectif national « Ecole pour toutes », pour le « droit à la mémoire », dans le mouvement international BDS, pour le respect du droit international, la justice sociale et environnementale, ex-parlementaire, juriste internationale.
Lire l’article sur Jeuneafrique.com : « Alima Boumédiene-Thiery, une militante en politique » :
« Cette sénatrice d’origine algérienne, passée du militantisme à la politique, mène plusieurs combats de front – dont celui pour le boycott des produits israéliens…
Cheveux maintenus sur le côté par une pince, étole léopard en travers de la poitrine, la sénatrice Alima Boumédiene-Thiery monte à la tribune de la chambre haute du Parlement français. Avec conviction, elle explique aux 14 sénateurs présents ce 28 octobre 2010 pourquoi les Verts soutiennent une proposition de loi sur le non-cumul des mandats. La majorité parlementaire n’est pas très réceptive et la proposition est renvoyée en commission. « C’est les oubliettes…, souffle Alima. Mais on finira par y arriver. » Ces derniers mots résument toute sa philosophie de vie.
Dans les couloirs du Sénat, Alima Boumédiene-Thiery détonne. Quand ses collègues viennent en voiture avec chauffeur, elle prend chaque matin le train de banlieue depuis Argenteuil, dans le Nord-Ouest parisien, où elle est née en 1956 et où elle a été élue. Au palais du Luxembourg, les descendants de familles aristocratiques, sénateurs de père en fils, sont légion ; le père d’Alima était un émigré algérien analphabète. « Quand on est fille d’ouvrier, on se sent parfois très seule ici, avoue-t-elle. On m’a souvent toisée avec mépris. » Alima Boumédiene-Thiery s’intéresse aux affaires de la cité depuis que, petite fille, elle suivait à la télévision « le journal parlé », comme l’appelait son père. « Il m’a dit de travailler à l’école. Il ne voulait pas avoir “émigré pour rien”. »
En 1987, Alima Boumédiene-Thiery donne du sens à l’exil de son père, son « modèle ». Elle obtient sa thèse de doctorat, qui porte sur « les stratégies collectives des filles issues de l’immigration maghrébine ». Pour l’occasion, Mokhtar le musulman sable le champagne. Alima Boumédiene-Thiery, c’est un peu l’archétype de la méritocratie républicaine. Fille d’un Algérien et d’une Française qui se sont rencontrés dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, elle naît dans un wagon abandonné et grandit dans un bidonville, brille au lycée catholique Sainte-Geneviève, fait des ménages dès ses 16 ans pour payer ses études, passe un bac littéraire et devient docteure en sociologie. Des obstacles sur le chemin ? Quelques-uns… Une exclusion pour avoir répondu à son institutrice qui avait qualifié, peu après la guerre d’Algérie, son père d’« assassin », et un combat remporté contre une orientation forcée vers une filière courte, « parce que vos parents sont pauvres et qu’ils vont bientôt vous marier… »
Se battre, pour Alima, c’est une habitude. Infatigable, elle est de toutes les luttes, des cénacles au pavé des manifs. Dès l’université de droit à Nanterre, en 1981, elle fonde l’association Tadamoun-Solidarité maghrébine, qui apporte du soutien scolaire et offre des cours d’arabe. « Au lycée, j’avais honte de ma vie au bidonville et je me faisais appeler Mimi. En arrivant à la fac, j’ai rencontré des gens et je suis devenue fière du monde arabe. » La jeune femme, qui a grandi avec des Tziganes, est une des animatrices de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983.
Le militantisme s’est transformé en activité professionnelle. Elle a bien essayé, dans un cabinet d’avocats, de travailler comme juriste. « Mais je ne voulais pas faire payer les gens ! » s’amuse-t-elle, répandant un rire chaleureux qui enveloppe ses interlocuteurs. En 1988, elle crée avec des copines Expression maghrébine au féminin, puis travaille pour une association européenne qui forme des travailleurs migrants. Au bar du Sénat, où nous discutons, elle s’interrompt pour claquer la bise au serveur et rire avec lui de leurs SMS échangés la veille.
Lorsqu’elle intègre le monde des élus, Alima Boumédiene-Thiery a presque 40 ans. En 1995, elle devient conseillère municipale déléguée à la vie associative à Argenteuil. « Je n’étais proche d’aucun parti, mais j’ai accepté de porter la voix des associations dans une des premières mairies de la “gauche plurielle”. Je ne faisais plus confiance au Parti socialiste depuis qu’il avait refusé le droit de vote aux étrangers. Et c’est un sujet sur lequel, pour la mémoire de mon père, je me battrai toujours. Les communistes, eux, avaient essayé de récupérer notre mobilisation contre le Front national. Alors je me suis rapprochée des Verts, le troisième parti de la coalition. »
Elle réussit si bien chez les écologistes qu’elle est élue pour l’Île-de-France au Parlement européen en 1999, puis au Sénat en 2004. Là, elle se bat sur plusieurs fronts. « C’est elle, femme, musulmane, qui a fait reconnaître en France les unions civiles homosexuelles conclues à l’étranger ! » s’exclame Tewfik Bouzenoune, son assistant parlementaire. « Ça en a surpris certains, mais je suis toujours cohérente, affirme la sénatrice. Je me bats contre toutes les discriminations. D’ailleurs, ça me révolte lorsque l’on veut me communautariser, m’assigner à un seul type de combat. » Pour rester en prise avec les batailles à mener, elle ne s’éloigne jamais longtemps des associations d’Argenteuil, des syndicats de l’Éducation nationale ou des sans-papiers du Val-d’Oise. Elle y habite toujours, avec son compagnon et son fils Ghiwane – qui attend en trépignant d’avoir 15 ans pour siéger au conseil municipal des jeunes. « Les associations sont le terreau de toute chose. Je travaille avec elles, mandat ou pas. » Invitée par des associations locales, elle se rend quand elle le peut en Algérie et au Maroc, près d’Oujda, où elle a enterré son père.
Depuis trente ans, elle est aussi au côté des associations pour le droit des Palestiniens – peu fréquentées par ses collègues du Sénat. « Putain ! lâche-t-elle. À Naplouse et à Jénine, en 2002, j’ai vu des corps qu’on sortait des décombres. Et l’odeur de mort à Gaza, il y a deux ans… J’ai prié Dieu qu’il m’empêche de devenir raciste. Lorsque tu as vu ça une fois, tu ne peux plus oublier, tu fais des cauchemars. La colonisation, la guerre. J’ai pensé à l’Algérie. » La Palestine, c’est le premier « amour politique » d’Alima Boumédiene-Thiery. Enfant, elle s’indignait devant les actualités télévisées. Plus tard, elle a manifesté sur le pavé parisien, après les massacres de Sabra et Chatila, en 1982. Puis rendu visite à Yasser Arafat, assiégé dans son QG de Ramallah par l’armée israélienne. À Bruxelles, elle a convaincu les eurodéputés de voter la suspension de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, avant que la Commission européenne, moins démocratique, enterre cette résolution.
À cette occasion, Alima Boumédiene-Thiery a appris que l’élu ne peut pas tout. Le citoyen doit aussi se mobiliser. Le 14 octobre 2010, elle a été relaxée par le tribunal de Pontoise de l’accusation « d’incitation à la discrimination » des produits israéliens. Dehors, des centaines de militants l’ont applaudie. Certains tenaient une pancarte « Touche pas à ma sénatrice ! » Elle, radieuse, a embrassé ceux qui étaient venus la soutenir. « Oui, nous boycottons et nous continuerons à le faire tant que les Palestiniens n’auront pas obtenu leurs droits, lance-t-elle à la foule. En tant qu’élue du peuple, c’est mon devoir. C’est un combat juste et, un jour ou l’autre, nous le gagnerons. » L’espoir, toujours. »
Alima Boumediene Thiery est membre de Force citoyenne populaire, un nouveau parti à destination des banlieues
Présentation :
« La gauche compte un nouveau parti dans ses rangs. Force citoyenne populaire (FCP), c’est le nom du nouveau parti politique lancé lors de son congrès fondateur les 2 et 3 juin à Nanterre, en région parisienne.
Créé par des militants associatifs du Forum social des quartiers populaires (FSQP), dont la première édition a été lancée en 2007, son leitmotiv est de représenter les habitants des banlieues et des quartiers populaires. Parmi les moteurs du mouvement, on compte le collectif AC Le Feu, né après les mouvements de révoltes dans les banlieues déclenchés en 2005 après la mort Zyed Benna et Bouna Traoré, le Mouvement Immigration et Banlieue (MIB) ou encore la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI).
« Nous sommes partis du constat maintes fois vérifié qui est que la classe politique dans son ensemble n’a jamais considéré les problèmes de la banlieue et des héritiers de l’immigration comme une priorité dans la mise en place des politiques publiques. De plus, le sort des banlieues et de leurs habitants n’a fait qu’empirer à tous les niveaux. (…) Pour prendre simplement un exemple, il suffit de voir le nombre de chômeurs dans ces banlieues qui monte parfois jusqu’à 60 % des actifs », nous déclare Abdelaziz Chaambi, président de la CRI.
FCP, une alternative pour les quartiers populaires délaissés
« La spécificité de notre parti réside dans le fait qu’il est animé et porté par des acteurs authentiques et qui ont lutté depuis des décennies pour tenter d’améliorer leur sort et contre toutes les formes d’injustice qu’ils subissent. Ce parti va offrir l’alternative qui faisait défaut aux habitants qui sont décidés à se battre pour changer les choses et aux jeunes et moins jeunes qui veulent faire de la politique sans être instrumentalisés par les partis traditionnels ou recrutés pour leur exotisme ou pour servir de supplétifs et de colleurs d’affiches », s’applique-t-il à nous dire.
Si la création de ce micro-parti est accueillie favorablement, le plus dur sera encore de durer et d’être une véritable force de mobilisation auprès d’une population très abstentionniste car déçue depuis trop longtemps par la classe politique. Pour M. Chaambi, « cette initiative n’a rien à voir avec d’autres, car elle n’est ni sectaire, ni communautariste, ni revancharde, ni paternaliste, nous avons vu émerger des initiatives de-ci de-là mais organisées et orchestrées par le haut ou par des acteurs paternalistes qui se sont érigés porte-paroles ou spécialistes de nos problématiques sans les avoir jamais vécues ni connues de près ».
FCP « a de véritables bases sur le terrain et des acteurs reconnus et il ne sera viable et efficace que s’il est porté par cette base qui sera son véritable gouvernail et sa boussole. Il est le fruit d’un travail de plus d’une douzaine d’années entre ces acteurs et n’a pas été conçu au coin d’une table ou dans un bistrot chic ; le ciment qui lie ces différents acteurs n’est pas simplement une base idéologique a minima, mais des combats menés depuis très longtemps autour des thématiques qui persistent dans nos banlieues et qui sont traitées par des politiques néocoloniales, que nous dénonçons depuis des décennies », poursuit-il.
FCP se prépare aux municipales de 2014.
FCP ne présente pas de candidats pour les législatives de 2012, dont le premier tour est prévu pour le 10 juin, à la différence notable de Mohamed Mechmache, le président d’AC Le Feu, qui présente sa candidature dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis (Clichy-sous-Bois, Coubron, Le Raincy, Livry-Gargan, Montfermeil et Vaujours) mais au nom du mouvement « Affirmation ».
Cependant, FCP est bien décidé à peser dans les débats et à imposer ses idées au sein des partis politiques traditionnels. Dernièrement, le gouvernement français s’est déclaré en faveur du délivré d’un reçu aux personnes contrôlées par la police afin de lutter contre le contrôle au faciès. Une proposition qui a su trouver un écho au sein du Parti socialiste et qui émane de plusieurs associations et mouvements populaires, notamment regroupées autour du collectif « Stop le contrôle au faciès ».
Le congrès fondateur du FCP a débouché sur la création de comités locaux et régionaux qui se chargeront de recruter des militants. « Dans ce parti, aucune catégorie ne sera hégémonique ni n’aura une place privilégiée, tous les citoyens et les militants auront la place que leur donneront leur engagement et leur sacrifice dans ce parti », précise M. Chaambi.
FCP prévoit également de mettre en place une université d’été à la rentrée 2012 afin de débattre et de finaliser son programme politique et son échéancier. « Nos objectifs vont être modestes dans un premier temps et ils consistent à créer le rapport de force nécessaire afin d’obtenir un changement radical dans les politiques menées en direction des populations des banlieues et issues de l’immigration et des classes populaires. Les discriminations, les violences policières, le chômage, l’échec scolaire et la rénovation urbaine doivent être pris en compte de manière sérieuse par les décideurs et si besoin par la participation de nos propres élus. De manière plus large et à plus long terme, notre parti aura l’ambition de proposer un véritable projet de société plus juste, plus fraternel et dans lequel l’Homme, avec ses différentes dimensions, doit être au centre », explique le président de la CRI.
A défaut des législatives, le parti se focalisera donc sur les élections municipales de 2014 et compte bien mettre sur pied des candidats pour battre campagne auprès des Français.
Rédigé par Hanan Ben Rhouma | Mercredi 6 Juin 2012
Citation :
« J’ai cru aux partis politiques et je m’y suis même investie pendant 15 ans en espérant pouvoir faire avancer mes combats. Mais c’était peine perdue ! Y compris dans la gauche traditionnelle, si vous ne créez pas le rapport de force, vous êtes méprisés ! Si vous ne rentrez pas dans le moule, vous êtes exclus ! Si vous refusez de vous taire et réagissez face aux injustices, vous êtes taxés d’opportunistes ! Vous devez vous soumettre aux hégémonies des partis traditionnels ou vous êtes accusés de division ! Néanmoins, je refuse de me résigner car je crois à la force du pluralisme.
Riches de la pluralité de nos histoires et forts de la diversité de nos expériences, en mémoire des luttes de nos parents, je suis convaincue qu’ensemble nous représentons une Force Citoyenne Populaire qui seule peut transformer notre société en donnant un sens à nos valeurs universelles, un contenu à nos libertés fondamentales et construire l’alternative nécessaire à notre avenir. »